Mon enfant se moque éperdument de mon autorité !

De faire une observation attentive de la relation avec votre enfant pourrait vous fournir des indices qui expliquent pourquoi il se place constamment en situation d'opposition. Quand un enfant ne fait que provoquer des réactions négatives, il est possible que le lien affectif avec le parent se soit fragilisé pour de multiples raisons.  Il devient alors impératif de rétablir ce lien avant même de mettre en place les 1001 trucs trouvés sur internet ou dans les livres.

Lorsque la communication avec votre enfant ne se résume qu'à des échanges de cris, d'insultes et de menaces et ce, depuis quelques semaines, ceci indique qu'un "cycle toxique" s'est installé. Le premier réflexe des parents est de discipliner l'enfant/l'ado pour que cesse les comportements et attitudes de non-respect. Bien sûr, de tels agissements ne doivent pas être tolérés. Cependant, si le parent et l'enfant n'ont que pour seuls échanges des affrontements récurrents, un changement doit nécessairement être apporté dans le mode de communication sans quoi le cycle sera sans cesse perpétué.

Ce cycle dicte les réactions du parent et celles de l'enfant et le résultat est toujours le même: les éternels conflits! Donc, avant d'espérer des changements dans la dynamique parent-enfant, il est impératif de sortir de cette "programmation relationnelle".

Par où commencer?

Par la base...

1- Les règles de la maison méritent d'être claires: elles doivent être identifiées, communiquées et appliquées. Mais encore faut-il connaître vos limites et avoir préalablement déterminé les comportements que vous jugez acceptables et ceux qui sont inacceptables. Cette étape est évidemment cruciale.

2- Les deux parents doivent se supporter l'un et l'autre : si maman dit non et papa dit oui, c'est la crédibilité du parent qui est sabotée et par le fait même, son autorité parentale. Il faut donc que les parents s'entendent à propos des règles, mais aussi à propos des conséquences. La façon de discipliner les enfants est souvent un sujet de dispute dans le couple et ce manque de cohésion parentale pourrait être la cause de l'état de chaos qui existe dans la maison. Il appartient donc aux parents de rétablir la situation, sans quoi il devient très difficile de mettre de l'ordre dans le désordre!

3- Les parents doivent considérer que les comportements de désobéissance de l'enfant/ado peuvent être la manifestation de quelque chose de plus profond qu'un simple besoin d'opposition. Il est important de considérer que votre enfant puisse être habité par des charges émotives avec lesquelles il a beaucoup de difficulté à composer. 

Par exemple, un enfant qui vit de l'intimidation à l'école peut vivre un fort sentiment de stress et laisser "exploser" sa rage et son angoisse une fois rendu à la maison. Un ado qui vit une peine d'amour peut devenir hyper-réactif à ses parents parce qu'il vit une certaine détresse. Les parents doivent donc être attentifs et sensibles à tous ces "non-dits".

Comment rétablir un lien positif avec votre enfant? 

Après avoir fait une observation attentive et lucide de votre relation avec votre enfant/ado, vous serez en mesure de mieux discerner les mécanismes et les réactions qui reproduisent sans cesse les mêmes disputes. Au lieu de répondre toujours de la même façon à une situation donnée, essayez une autre méthode puisque la précédente ne fait que perpétuer le cycle. 

Par exemple, votre enfant arrive de l'école, il est agressif et il refuse de collaborer. Au lieu de vous disputer avec lui et de lui donner une xième conséquence, vous pourriez tout simplement lui offrir de prendre un chocolat chaud pour essayer de comprendre ce qui le préoccupe. 

Proposez une réponse différente. Une réponse différente consiste à ne pas reproduire ce que vous avez fait la dernière fois. Vous pourriez alors faire le choix d'utiliser une méthode de "conditionnement positif" au lieu d'un "système de punition".

Tentez la méthode du "conditionnement positif" au lieu du "système de punition"

Votre adolescent(e) montre une baisse significative de ses notes à l'école. Au lieu de lui faire la morale, de l'accuser de ne pas avoir assez étudié et de le priver d'ordinateur, interrogez-le pour tenter de savoir s'il vit des préoccupations qui expliquent ce changement académique. Au lieu de le réprimander, ce qui est à peu près inutile pour l'aider à mieux performer, demandez-vous comment le soutenir. Vous pouvez contacter la direction de l'école pour demander du soutien académique et l'intervention d'un éducateur spécialisé. Souvenez-vous que ce que vous percevez comme étant de la "paresse" et de "l'insouciance" peut en fait se révéler être un profond sentiment d'incompétence et d'échec. Ces sentiments peuvent causer une démotivation et un désengagement chez plusieurs jeunes. Au lieu de persévérer, ils baissent les bras. Devant la désaprobation des parents et du miieu scolaire, le jeune se sent encore plus incompétent et il sabote toutes ses chances de réussite. C'est d'ailleurs le mécanisme qui s'installe progressivement chez la plupart des décrocheurs. 

La "déprogrammation relationnelle", qui consiste à changer le mode de réaction et à donner une réponse différente dans une situation de conflit, est une réelle solution pour rétablir votre lien affectif avec votre enfant pour ensuite rétablir votre autorité parentale. Un enfant qui choisit d'obéir à son parent le fait pour deux raisons: parce qu'il craint la réaction du parent ou parce qu'il respecte l'autorité du parent. Un enfant qui désobéit à son parent le fait  généralement pour deux raisons: parce parce qu'il a un besoin d'opposition (un besoin de pouvoir) ou parce qu'il exprime une insatisfaction ou un mal-être.

Je crois nécessaire de rappeler que les enfants et adolescents développent des traits de caractère qui feront partie de leur personnalité une fois adulte, particularités caractérielles qui auront été forgées durant l'enfance et l'adolescence. Certains auront tendance à s'opposer systématiquement à l'autorité, à être réactifs à toute demande qui vient de quelqu'un d'autre (les "insoumis"). D'autres vont accepter de se soumettre à l'autorité, mais seulement s'ils la considère juste et légitime ("les revendicateurs"). D'autres encore arriveront à se soumettre à n'importe quel type d'autorité. Chacune de ses catégories auront leur lot de difficultés d'adaptation et d'intégration, aucune n'a la garantie de la réussite sociale et du bonheur. 

Les "insoumis" et les "revendicateurs" bousculent et questionnent les conventions sociales. S'ils sont constamment réprimés dans "leur différence", ils peuvent devenir de réels emmerdeurs! Si votre enfant ou votre adolescent(e) se situe dans cette catégorie "hors norme", vous avez avantage à apprendre à négocier avec ces particularités afin que votre enfant puisse développer sa capacité d'adaptation malgré toutes ses revendications. Il ne faut pas oublier que ce sont les "contestataires" qui ont contribué aux grands changements sociaux et à l'évolution des consciences... 

Comment établir une saine communication 

En prenant le temps d'écouter. Écouter sans accomplir une autre tâche, être totalement présent à votre enfant sans émettre vos jugements et vos opinions. Vous croyez que votre enfant a tort? Au lieu de le lui dire, questionnez-le pour l'amener à développer sa pensée et à évaluer par lui-même ses propres incohérences. Évitez de le sermonner, de lui dire qu'il ne raisonne pas de la bonne façon et qu'il va échouer, encouragez-le plutôt à vous démontrer comment il va arriver à ses fins. Vaut mieux l'encourager et lui accorder votre confiance que de tenter de le programmer à l'échec.

Cesser d'entretenir le discours moralisateur-menteur...

On ne peut plus dire à un enfant: "pour être heureux et réussir dans la vie, tu dois terminer ton diplôme de secondaire 5, tu dois aller à l'université et trouver un métier payant"...

Ce discours est non seulement dépassé, mais aussi irréaliste dans le contexte socio-économique actuel. Bien sûr, l'obtention de diplômes augmente les chances de réussite, mais si votre enfant n'a pas développé une bonne capacité d'adaptation, une force de caractère et le courage de se battre devant l'adversité, tous ces diplômes ne seront que des parures sur un mur. En tant qu'adultes, nous devons cesser de répéter "la cassette" que nous ont récitée nos propres parents parce que cette "programmation" ne correspond plus à la réalité actuelle. Les jeunes qui voient leurs parents travailler 50 heures par semaine, qui les voient se disputer jour après jour parce qu'ils n'arrivent pas à payer leurs comptes n'ont peut-être pas tort de vouloir "faire autrement". 

Je crois que de très nombreux enfants sont en hyper-réaction aux incohérences qu'ils constatent à chaque jour, tant à l'école qu'à la maison. Il ne faut certainement pas alimenter ces constats, mais il ne faut pas non plus entretenir le mensonge. La vie n'est pas un long fleuve tranquille et c'est à cela que nous devons préparer nos enfants. Nous devons "construire" des êtres humains courageux, polyvalents, sensibles à la détresse humaine et capables de se déployer devant l'adversité. 

C'est ça le devoir de parent et c'est ça la raison d'être de l'exercice de l'autorité parentale.

Isabelle

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